Elle parle à ses fleurs, entre elles un genre de
lien se crée
Elle a enterré ses pleurs dans son jardin secret
Intérieur est son cri, son cœur est plein mais
ses os sont creux
Elle craint son reflet, elle teint ses cheveux
gris
Elle parle à
ses géraniums, elle a ses défauts
Mais son
défunt mari vous dirait qu’elle seule sait assagir un homme
Elle parle à
ses tulipes, elle tue le temps
Avant qu’le
temps n’la tue, ou peut-être afin qu’il passe plus vite
Elle parle à
ses pétunias de ses soucis pécuniers
Elle a très
peu étudié mais n’se laisse pas piétiner
Elle parle à
ses bégonias, leur prodigue des soins réguliers
Elle bougonne,
elle a ceci de singulier
Qu’elle parle même
au muguet, aux marguerites, aux légumes
De sa mort,
d’héritage, du maigre magot qu’elle va léguer
Elle parle au
romarin des remords qu’on a trop tard
Elle qui a
mûri trop tôt, sa vie est un roman raté
Elle parle aux
mimosas, elle parle à ses pensées
Elle parle
même aux oiseaux, elle parle souvent au passé
Elle parle aux
capucines, les ragots du coin la passionnent
Elle parle aux
acacias de son voisin qui la bassine
Elle parle à
ses jonquilles de ces gens qui lui manquent
Elle parle même
au jasmin de ces médecins qui lui mentent
Et si elle
parle aux feuilles de menthe, ce n’est pas qu’elle soit démente
En donnant vie
à ses plantes, c’est la sienne qu’elle alimente
Elle parle à ses fleurs, entre elles un genre de
lien se crée
Elle a enterré ses pleurs dans son jardin secret
Intérieur est son cri, son cœur est plein mais
ses os sont creux
Elle craint son reflet, elle teint ses cheveux
gris
Elle cause
avec les roses et dialogue avec les dahlias
Sa langue est
déliée quand elle arrose un magnolia
Elle confie à
ses fuchsias, qu’au fond, elle se fait chier
Mais l’orchidée
sait qu’elle abhorre l’idée d’aller au CHU
Elle a si
chaud, raide et ridée, elle se sent asséchée
Mais les
années n’ont jamais fané son cœur d’artichaut
Elle un peu
fleur bleue, elle cultive l’amour
Et l’art d’être
grand-mère… Mourir lui fait
Une peur bleue…
Alors elle parle à ses bleuets
Elle interroge
les giroflées, Roger l’attend-il là-haut
Qui taillera
la haie et à quoi ressemble le néant
Se
réincarnera-t-elle en oranger ou en goéland
Elle parle aux
narcisses et ce n’est pas nécessairement cohérent
Elle gueule
sur le tilleul c’est son tempérament coléreux
Elle ne
comprend rien à l’euro, trouve que tout devient onéreux
Qu’importe :
elle se sent bien dans son environnement coloré
Souvenir
douloureux ou épitaphe édulcoré
C’n’est qu’un
bouquet d’rimes odorantes pour ma grand-mère adorée
Mamie repose
en paix, tu mérites une auréole dorée
Quand vient
l’aurore, je murmure pour me le remémorer
Elle parle à ses fleurs, entre elles un genre de
lien se crée
Elle a enterré ses pleurs dans son jardin secret
Intérieur est son cri, son cœur est plein mais
ses os sont creux
Elle craint son reflet, elle teint ses cheveux
gris
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire