jeudi 12 janvier 2012

le poids de ma plume


Dangereuse, vengeresse et assassine
Ma plume vient de l’aile d’un ange déçu, que plus rien ne fascine
Ma plume est lourde de sens : hallucinant 
Elle hurle en silence comme un nourrisson sourd de naissance 

Et je la trempe dans un encrier de sang frais 
Celui de ceux qui désirent, de sang-froid, trier les français 
Tu peux l’appeler “tueuse“, elle est impétueuse
Et sa virtuosité est à son apothéose 

Elle est pleine et me délie la langue
Ma plume prend du poids, la tienne faiblit à la longue 
Elle plaide pour le peuple, elle plaide non coupable
À chaque couplet, le pouvoir de ses propos décuple 

Ma plume soulève des problèmes et elle déplaît
Probablement mais, à mes yeux, a plus de valeur qu’un diplôme 
Je la déplie : elle se déploie ; ma plume a de l’aplomb
Quand je l’emploie…  Je le clame : elle a le poids de l’enclume 


Sens-tu le poids de ma plume 
C’est un sublime dilemme, semblable à moi-même
Sens-tu le poids de ma plume 
Je l’ai remplie pour mettre à plat mes plaies et mes rancunes


Elle bouge, elle s’anime à l’heure où les bougies s’allument
C’est un bijou, sa mine est polie : elle vous dit “salut“ 
Qu’on vous appelle Yasmine, Lionel, David ou Salim 
C’est un bisou, sa ligne est jolie : elle adoucit les

Mœurs… Ma plume est tout ça, mais elle est aussi l’amorce
D’un assaut sans merci contre l’inertie : elle est ma force 
Elle n’est pas fière de la France et se froisse lorsque
Celle-ci fait rimer avec “fraternité“ le mot “farce“ 

Face à l’adversité, ma plume a la férocité d’un puma 
Si t’es un humain, respecte-la comme un sumo 
Ma plume dépoussière le rap comme un plumeau 
J’écris par amour de la musique et non pour te plumer 

Ma plume n’est jamais loin de mon calumet
Elle chante la douleur et change de couleur selon le climat 
Ma plume impose et pèse au moins cent kilos
Sens-tu le poids de ma plume, enculé 


Sens-tu le poids de ma plume 
La plume est mon emblème, un blâme qui te rend blême
Sens-tu le poids de ma plume 
L’ami n’cherche pas d’plume comme la mienne : il n’y en a qu’une


C’est vrai : les paroles s’envolent, au temps rien ne résiste
Moi, j’ai lesté ma plume, mes écrits restent réalistes 
J’ai pris des risques parce que j’suis pas un pédéraste
Mais un artiste un peu rasta avec la plume d’un scénariste 

La vie est un péplum et on veut tous que César s’tire 
Ce ciste-ra nous pompe l’air, pire : son règne est désastreux
Ma plume ne t’instruit pas : elle te “désinstruit“
Se meut au rythme des instrus… Le hip-hop est tout plein d’austra-

Lopithèques apathiques à la grammaire pathétique : et toc 
Les mecs ont des pecs en plastique, ne rappent pas mais s’astiquent le truc 
Ma plume est un pit qui, devant l’homme politique, attaque 
J’aime pas les tanks, les flics, les banques : appelle ça un strike

Ma plume est abracadabrante, comme la vue d’un cadavre, hante 
La tienne est médiocre, en tous cas navrante
Tu trouves ma plume énervante ? Je la trouve enivrante
Qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente : elle dit vrai tant qu’elle est vivante 


Sens-tu le poids de ma plume 
Ma plume est un loup pour l’homme et c’est pour ça qu’on l’aime
Sens-tu le poids de ma plume 
S’il-te-plaît, ne rappe plus ou comble tes lacunes





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire