Dangereuse,
vengeresse et assassine
Ma
plume vient de l’aile d’un ange déçu, que plus rien ne fascine
Ma
plume est lourde de sens : hallucinant
Elle
hurle en silence comme un nourrisson sourd de naissance
Et
je la trempe dans un encrier de sang frais
Celui
de ceux qui désirent, de sang-froid, trier les français
Tu
peux l’appeler “tueuse“, elle est impétueuse
Et
sa virtuosité est à son apothéose
Elle
est pleine et me délie la langue
Ma
plume prend du poids, la tienne faiblit à la longue
Elle
plaide pour le peuple, elle plaide non coupable
À
chaque couplet, le pouvoir de ses propos décuple
Ma
plume soulève des problèmes et elle déplaît
Probablement
mais, à mes yeux, a plus de valeur qu’un diplôme
Je
la déplie : elle se déploie ; ma plume a de l’aplomb
Quand
je l’emploie… Je le clame : elle a
le poids de l’enclume
Sens-tu le poids de ma plume
C’est un sublime dilemme, semblable à
moi-même
Sens-tu le poids de ma plume
Je l’ai remplie pour mettre à plat mes plaies
et mes rancunes
Elle
bouge, elle s’anime à l’heure où les bougies s’allument
C’est
un bijou, sa mine est polie : elle vous dit “salut“
Qu’on
vous appelle Yasmine, Lionel, David ou Salim
C’est
un bisou, sa ligne est jolie : elle adoucit les
Mœurs…
Ma plume est tout ça, mais elle est aussi l’amorce
D’un
assaut sans merci contre l’inertie : elle est ma force
Elle
n’est pas fière de la France et se froisse lorsque
Celle-ci
fait rimer avec “fraternité“ le mot “farce“
Face
à l’adversité, ma plume a la férocité d’un puma
Si
t’es un humain, respecte-la comme un sumo
Ma
plume dépoussière le rap comme un plumeau
J’écris
par amour de la musique et non pour te plumer
Ma
plume n’est jamais loin de mon calumet
Elle
chante la douleur et change de couleur selon le climat
Ma
plume impose et pèse au moins cent kilos
Sens-tu
le poids de ma plume, enculé
Sens-tu le poids de ma plume
La plume est mon emblème, un blâme qui te
rend blême
Sens-tu le poids de ma plume
L’ami n’cherche pas d’plume comme la
mienne : il n’y en a qu’une
C’est
vrai : les paroles s’envolent, au temps rien ne résiste
Moi,
j’ai lesté ma plume, mes écrits restent réalistes
J’ai
pris des risques parce que j’suis pas un pédéraste
Mais
un artiste un peu rasta avec la plume d’un scénariste
La
vie est un péplum et on veut tous que César s’tire
Ce
ciste-ra nous pompe l’air, pire : son règne est désastreux
Ma
plume ne t’instruit pas : elle te “désinstruit“
Se
meut au rythme des instrus… Le hip-hop est tout plein d’austra-
Lopithèques
apathiques à la grammaire pathétique : et toc
Les
mecs ont des pecs en plastique, ne rappent pas mais s’astiquent le truc
Ma
plume est un pit qui, devant l’homme politique, attaque
J’aime
pas les tanks, les flics, les banques : appelle ça un strike
Ma
plume est abracadabrante, comme la vue d’un cadavre, hante
La
tienne est médiocre, en tous cas navrante
Tu
trouves ma plume énervante ? Je la trouve enivrante
Qu’il
neige, qu’il pleuve, qu’il vente : elle dit vrai tant qu’elle est
vivante
Sens-tu
le poids de ma plume
Ma
plume est un loup pour l’homme et c’est pour ça qu’on l’aime
Sens-tu
le poids de ma plume
S’il-te-plaît,
ne rappe plus ou comble tes lacunes
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